30

Anthème Florenty ouvrit aussitôt la porte et mena ses compagnons à l’écurie.

Le comte de Nissac savait qu’il commettait une imprudence en négligeant de passer par la rue Sainte-Marie Égiptienne afin d’y changer d’apparence et d’y laisser les chevaux mais les hommes étaient fatigués, ayant grelotté toute la nuit, l’heure matinale commencerait bientôt à peupler les rues et la nouvelle du combat de la Porte Saint-Denis allait courir Paris à la vitesse d’une mèche à poudre. En outre, ici même, le Premier ministre avait fait porter d’autres soutanes, ayant sans doute envisagé semblable situation.

Nissac, pressentant que l’ancien faux saunier voulait l’entretenir en particulier, entraîna Florenty à l’écart :

— Eh bien, apprends-tu vite, à Notre-Dame ?

Le visage de Florenty s’éclaira.

— Ah, monsieur le comte ! Votre ami, que je ne sais trop comment nommer, général des jésuites ou duc de Salluste de Castelvalognes, est d’une patience infinie et d’une érudition sans limites. Certes, je crois que je saurai bientôt tout des souterrains de Paris, d’autant que j’ai facilité à me repérer sans quoi je n’eus point été faux saunier mais voyez-vous, nous sommes bien au-delà de tout cela.

Ils gagnèrent la cour pavée et se dirigèrent vers l’entrée de l’hôtel sans interrompre leur conversation :

— Que veux-tu dire ? demanda le comte.

— Sur toutes choses il me donne avis et m’enseigne que l’esprit doit bouger comme on bouge le corps aussi, à présent, j’essaie de réfléchir sur le sens de toute action.

— C’est très bien ainsi ! répondit Nissac.

Mais, à observer le visage de Florenty, il comprit qu’une gêne demeurait.

— Autre chose ?

— Eh bien…

Nissac s’amusa de l’hésitation de Florenty :

— Voyons si tu sais réfléchir comme tu prétends t’y efforcer… Tu sais quelque chose, tu ne sais trop comment le dire mais tu es assez intelligent pour savoir que je ne te ferai point quartier et finirai par apprendre de toi ce que je dois savoir. Aussi allons-nous gagner du temps et vas-tu me dire de quoi il retourne.

Florenty n’hésita plus :

— La très belle jeune-femme qui vous accompagnait en barque à Notre-Dame… Elle savait l’existence de notre refuge de la rue Sainte-Marie Égiptienne. Elle s’inquiétait beaucoup de vous et passait de plus en plus souvent ici si bien qu’à la fin, elle s’est endormie dans un fauteuil du vestibule. C’était voilà cinq jours et depuis, elle revient tous les soirs pour ne partir qu’au matin.

— Veux-tu dire qu’elle est là en ce moment même ?

— Tout à fait, monsieur le comte.

Sans en demander davantage, Nissac courut vers l’entrée.

Il avait fait bien peu de bruit, pourtant, elle ouvrit les yeux et sourit en découvrant la haute silhouette du comte, sa longue cape noire au col remonté et couverte de neige aux épaules, le foulard rouge autour du cou, le chapeau de feutre marine au bord rabattu sur les yeux et tout empanaché de plumes au ton de cygne et couleurs de feu.

— C’est folie d’attendre ici ! dit-il, faussement sévère.

— À la vérité, je m’inquiétais de vous. Les Frondeurs comme les Condéens pendent si vite ceux qu’ils prennent entre les lignes qu’ils n’ont point le temps de vérifier leur état.

Il sourit.

— Je mourrai par l’épée ou le boulet, la hache ou la balle, le feu ou la foudre, frappé d’un mal soudain ou déclinerai en mon vieux château mais pendu, ça, jamais !

— On ne pend donc point les comtes ?

— Ce n’est pas l’usage quoique, avec la Fronde, cela puisse changer. Un comte est généralement décapité à la hache en place de Grèves, mais nous n’en sommes point encore à telle extrémité.

Il ôta son chapeau à plumes puis sa cape et la jeune femme sursauta en découvrant la jarretière rose de Charlotte de La Ferté-Sheffair, duchesse de Luègue. Quant à Nissac, il avait totalement oublié cette petite pièce d’étoffe soyeuse qu’il portait en brassard.

Elle se leva brusquement :

— Le jour est levé.

— Mais… J’arrive à peine.

— Je dois rentrer.

Surpris par le ton de Mathilde, brusquement d’une très grande froideur, le comte insista :

— Vraiment ?

— Immédiatement.

— Souffrez au moins que je vous accompagne ?

— C’est inutile, monsieur le comte. Je ne crains point la neige mais bien davantage les hommes légers, futiles et qui ne vivent que pour satisfaire leur fantaisie.

— Ah çà, madame, me direz-vous enfin…

Elle lui coupa la parole :

— Il n’est point nécessaire d’explications.

Inquiet, il lui barra le passage. Elle leva sur lui un regard où passait une sombre colère, mais point trace de haine. La voix, en revanche, fut très sèche :

— Comptez-vous, en plus, me séquestrer ?

— En plus ?… Mais à la fin, me direz-vous si c’est là enfantillage de jeune femme capricieuse ?

Mathilde de Santheuil retomba sur son siège et demeura un instant le regard dirigé vers le sol puis elle leva sur le comte ses grands yeux noyés de larmes, ce qui eut pour effet de faire chavirer le cœur de l’homme de guerre.

La jeune femme parla d’une voix triste, éteinte, qu’il ne lui connaissait pas :

— Monsieur le comte de Nissac, il est sans doute dans l’ordre des choses que vous me rappeliez mon rang et le vôtre, très supérieur, comme il est certainement de bonne politique que, par votre entremise, la réalité bouscule mes imaginations peut-être frivoles. Mais n’existait-il pas moyen moins cruel de me faire comprendre tout cela ?

Le comte, atterré, et qui n’y comprenait goutte, balbutia :

— Me direz-vous enfin, madame ?

Ils entendirent des pas à l’étage où Florenty, pour ne point les déranger, avait mené ses compagnons en empruntant la petite entrée.

Mathilde de Santheuil baissa les yeux.

— Pendant tous ces jours interminables, je me suis inquiétée de vous. Je sais que monsieur le cardinal n’a point en vue situation de victoire et que l’incertitude le mine. Si monsieur de Turenne rallie la Fronde avec son armée d’Allemagne, que les Espagnols marchent sur Paris et que la Fronde contre-attaque alors hors les murs de la ville, le pouvoir royal sera balayé en même temps que la belle armée de monsieur le prince de Condé. Je sais donc qu’étant aux abois, monsieur le cardinal va user ses fidèles si peu nombreux, et vous le tout premier. Aussi ma colère a pour cause que quand je vous imaginais au milieu de mille périls, vous nagiez dans la volupté.

Nissac la regarda avec gravité.

— Qui vous l’a dit ?

Mathilde de Santheuil éclata en sanglots.

— Ainsi donc, vous ne niez point !

— À quoi bon ?

Elle se leva. De nouveau, il lui barra le passage. Elle tenta de le contourner, il la rattrapa aux épaules.

— Qui est-ce donc ? demanda-t-elle d’une voix qui s’efforçait à la neutralité et cet artifice émouvant et dérisoire attendrit plus encore le comte qui répondit néanmoins avec franchise :

— Charlotte de La Ferté-Sheffair, duchesse de Luègue.

Mathilde hocha la tête, souriant à Dieu sait quoi.

— On la dit plus belle femme de la Cour, âgée de dix-huit ans et n’ayant jamais cédé à un homme. Vous deviez former bien beau couple, tous les deux.

Le comte arracha la jarretière de soie rose à son bras et la jeta au loin.

— Madame, voilà qui n’est point la vérité et très artificieusement supposé. Laissez-moi vous accompagner chez vous et je vous dirai tout car seul mon cœur blessé par ce que je croyais à tort la trahison d’une dame chérie a dicté ma conduite.

Mathilde hésita puis, entre le sourire et les larmes :

— Voyons donc ce beau mensonge, monsieur.

Ils ne se parlèrent point jusqu’à la cachette proche de la rue Sainte-Marie Égiptienne où le comte, par superstition, changea de monture.

Ayant retrouvé son haut cheval noir, Mathilde de Santheuil assise de côté à l’avant de la selle, il lui expliqua le propos ambigu du cardinal, son propre dépit, la jeune duchesse qui n’attendait que lui après ses avances de la nuit précédente, mais à aucun moment il n’avoua le nom de la jeune femme qu’il aimait et soupçonnait d’être la maîtresse du cardinal.

La chose, au reste, était bien inutile.

Ravie, ayant déjà pardonné, Mathilde le gourmanda avec douceur :

— Monsieur, quel manque de confiance en cette femme que vous dites pourtant aimer si tendrement ! Je pense que vous ne la méritez point !

— Vous avez raison. Mais il est vrai que je l’aime tendrement. Si tendrement que je ne lui ai jamais confessé mon sentiment.

— Il n’empêche, je vais finir par croire que vous vous y entendez bien mieux en l’art de la guerre qu’en les dédales de l’amour.

— Pourquoi cela, madame ?

— Sachez, monsieur le général invaincu tel Alexandre le Grand, qu’une femme amoureuse n’a point de regards pour les autres hommes et ne voit que celui qui lui déroba son cœur.

— Vous oubliez cependant, madame, que si je l’aime, je ne connais point ses sentiments.

Elle tourna son visage vers lui. Leurs lèvres se trouvaient dangereusement proches.

— Elle vous aime, monsieur.

Le comte raffolait de cette situation nouvelle et délicieuse où l’on sait sans formellement savoir que l’hypothèse la plus merveilleuse est finalement la bonne, où les yeux disent ce que les lèvres taisent, où le cœur jette à pleines poignées le bonheur en votre âme.

— Je n’en ai guère de preuves, madame, et puis certes le supposer tout à l’effroi de découvrir un jour que je me suis abusé et me retrouver à jamais le cœur en deuil.

Très délicatement, Mathilde posa ses lèvres contre celles du comte.

— Elle vous aime, vous dis-je, et bien plus que sa propre vie.

— Vos lèvres sont glacées ! répondit-il en l’embrassant de nouveau, mais avec plus de violence. Puis, sa main gantée de velours marine appuya délicatement la tête de la jeune femme contre son épaule où elle s’abandonna tout à fait.

Il savait qu’il ne franchirait pas la porte de la maison en la rue Neuve-Saint-Merry, par respect pour elle, et que l’amour absolu exige des preuves qui ne le sont pas moins, quoi qu’il en coûte.

Elle n’ignorait point que le comte agirait ainsi et s’en trouvait touchée, souffrant, cependant, du souvenir de la nuit où elle se révéla femme et découvrit le bonheur avec tout ce qu’il draine de peurs et d’angoisses, de difficultés et d’incertitudes ; oui, elle souffrait de ne pouvoir s’allonger au côté de son comte bien-aimé et pensait cependant, tout comme lui, qu’il fallait attendre encore et que cette attente était déjà un peu du grand bonheur auquel elle se croyait promise…

Un mendiant, pauvre gueux très âgé qui n’avait trouvé d’autre refuge que l’abri d’une porte cochère, regarda avec des yeux arrondis l’image étrange qui apparaissait tout soudainement devant lui.

Cela ressemblait à un rêve…

Un paysage de neige, de vieilles maisons à colombages, un cheval très haut, noir comme le diable et dont le corps fumait, une femme adorable et frêle abandonnée sur l’épaule robuste d’un cavalier, homme puissant au dur visage de conquérant, qui enveloppait sa compagne d’une longue cape noire, les mains fortes gantées de velours marine qui tenaient les rênes, la fine et longue épée au côté et un feutre marine surmonté de longues plumes d’une blancheur de cygne et d’un rouge couleur de feu crépitant.

Ceux-là s’aimaient beaucoup ! Ils s’aimaient à faire peur. Peur pour eux, que tous jalouseraient, ou peur de cette vie qui donne ou ne donne point l’amour sans distinction de rang et de fortune, seule forme de justice – avec la mort – qui soit en le monde aujourd’hui, et en les siècles des siècles.

Oubliant un instant ses chagrins, le vieil homme s’avança et dit au couple qui déjà le dépassait :

— Soyez heureux !… La vie est si courte, courte comme un rêve… Et que Dieu vous bénisse !

Le ténébreux cavalier au chapeau à plumes, sans même se retourner, lança quelque chose par-dessus son épaule. Une véritable pluie de pièces d’or. Mais le geste était si adroit, si exceptionnellement précis, ou la main guidée par Dieu ou diable, que les pièces retombèrent en formant comme un cercle magique autour du malheureux, un cercle absolument parfait, un cercle d’or qui allait enfin changer sa vie et le mettre à l’abri du froid, de la faim et de la peur…

Les foulards rouges
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